Tuesday, November 28, 2006

Les défis des journaux imprimés face à l'Internet

Un article de The Economist(1) rappelle que les efforts déployés par les journaux traditionnels vers l’Internet ont rapporté peu, jusqu’ici en moyenne. Il semble que les journaux en ligne qui ont réussi, offrent du contenu et/ou des services originaux.


Par exemple, Schibsted, un journal norvégien tire maintenant 35% de ses profits de l’Internet. Il faut dire qu’ils offrent également
Sesam, un engin de recherche pour concurrencer Google et FINN.no, un portail d’annonces classées.


iMedia prédit que le quart des annonces imprimées sera transféré aux médias en ligne d’ici les 10 prochaines années. Historiquement, les joueurs de medias traditionnels ont peu investi en recherche et développement et ont fait peu d’expérimentation et de changements. Comme dit Warren Buffet, “Pensez-vous que les journaux existeraient dans leur forme actuelle, si Internet avait existé avant les journaux?”. L’industrie fait donc face à des changements profonds.


Au début, de 1995 à 2002, les journaux ont simplement reproduit leur contenu imprimé sur Internet. Pourtant, l’Internet offrant une multitude de sources de renseignement, les lecteurs prennent leur information dans plusieurs sites spécialisés. Ainsi, les portails et journaux en ligne qui se font généraliste et qui offre peu de qualité dans une multitude de domaines font fausse route. Les journaux et magazine en ligne se doivent d’étendre leur activité et d’utiliser des caméras et microphones pour produire des vidéos et des podcasts. Une grande valeur ajoutée est d’offrir du contenu complémentaire sur un sujet bien précis. De plus, offrir un contenu de qualité veut dire aussi engager de bons journalistes et non pas des stagiaires pour le contenu en ligne.


Un des défis des journaux en ligne est le fait qu’un lecteur en ligne ne rapporte pas autant qu’un lecteur imprimé. Il y a le prix du journal imprimé comme facteur et le fait qu’un internaute regarde moins de pages qu’un lecteur traditionnel.


Des recherches sur les goûts des lecteurs rapportent que les gens aiment surtout des histoires courtes, des nouvelles pertinentes à leurs yeux : reportage local, sports, divertissement, météo et trafic. Par contre, sur Internet les gens aiment surtout lire sur des sujets qui vont améliorer leur qualité de vie.


Il y a une bien mauvaise habitude des médias en ligne de prendre des nouvelles d’une grande agence de nouvelles (Ex. Reuters, Presse Canadienne), ce qui fait que peu importe si vous allez sur Cyberpresse, Branchez-Vous ou Canoe, plusieurs nouvelles nationales ou internationales se ressemblent énormément ou sont carrément identiques.


Pour survivre et ralentir l’hémorragie de la perte de lecteurs les journaux traditionnels doivent se spécialiser, augmenter leur prix et investir dans un meilleur éditorial. Bien des gens sont prêts à payer plus pour une meilleure analyse de l’actualité.


Au Québec, certains journaux offrent un contenu d’une certaine qualité comme
www.ledevoir.com qui vient de faire une belle métamorphose en ligne et www.cyberpresse.ca . Le Journal de Montréal va se séparer de Canoe et avoir sa propre entité en ligne. La distribution de quotidiens gratuits comme Metro et l’autre filiale 24 Heures de Quebecor a sûrement beaucoup affecté la rentabilité du Journal de Montréal. Je ne dois pas être le seul qui n’a pas acheté le Journal de Montréal depuis 5 ans. Cependant, pour l’avoir lu chez le barbier à quelques reprises je dois avouer que le contenu a été amélioré depuis quelques années, mais pas encore assez pour me donner le goût de l’acheter…

Les journaux en ligne devraient penser sérieusement à fractionner leur contenu, offrir un abonnement à rabais pour l’accès à certaines sections seulement et diversifier leur revenus en vendant des services complémentaires à la vente de publicité en ligne et d’annonces classées. Les nouveaux services mobiles offriront de superbes opportunités de croissance à ceux qui offriront du contenu original de qualité pour les smartphones, les cellulaires, les ordinateurs avec puce Wifi ou WiMAX et lecteurs MP3 Wifi.


(1) The Economist print edition, More media, less news, Aug 24th 2006

Louis Rhéaume
Infocom Intelligence
infocom@videotron.ca

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